César, en français

Below you can read two texts written by me in French. I lived for many years in France and this language is my second one after my native Romanian. My command of French is slightly better than the one of English (which is my third language) and I feel completely free to use it in any circumstances, both spoken and written. However, I rarely use it for creative writing, although I used it extensively in my professional practice. Why? I don’t know, it is simply so. The following texts were never included in my books and were never translated. But I think about both of them from time to time and I feel the need to read them again. That is why I took them from the archive of my former blog and made them available here. They remain important autobiographical parts of me, just like everything I ever wrote.


Par Nécessité

– 14.05.2021 –

La vie commence vraiment à quarante ans. Jusque-là, tout ce que tu fais c’est des recherches.

Bon, il y a des gens qui sont morts avant 40 ans…

Ils n’ont pas eu la chance d’expérimenter complètement toutes les possibilités – d’en profiter – pour ne pas parler de vraiment commencer leur vie.

Mais bon, disons-nous, en théorie, au cours d’une vie typique, idéale, l’âge de 40 ans c’est un repère…

Ou peut-être que Carl Jung – celui à qui appartiennent ces mots – a eu beaucoup du mal à trouver son propre chemin. Peut-être que c’est valable pour lui et pas pour les autres. Ça pourrait être – dans son cas – une projection personnelle qui cache une impuissance à choisir ou, peut-être, une curiosité d’une durée remarquable…

Par nécessité, à un moment donné, nous devons choisir. De tous les résultats obtenus par la recherche d’une (presque demie-) vie, nous devons extraire ce que nous préférons comme astuces ou valeurs caractéristiques qui nous appartiennent (qui nous définissent), et décider quelles sont les choses qui doivent rester dans notre ombre – des choses que nous savons faire mais que nous choisissons de ne pas les faire d’une façon régulière ou de ne pas les faire du tout. C’est un filtre qui garde les atouts de la même manière qu’ils gardent l’or après d’innombrables lavages d’eau dans une mine lointaine du Yukon.

Nous ne pouvons pas être toutes les choses dans ce monde. Nous ne pouvons pas tout faire… aussi bien. Il faut sélecter. Il faut une spécialisation de quelque sort. C’est une perte, certes. C’est un sacrifice, certainement. Mais c’est la seule façon de continuer, de poursuivre le chemin de la vie – si l’opportunité s’offre – surtout pendant une pandémie comme l’actuelle – quand il semble que tous les gens de ce monde sont égaux devant la mort – une réalité qui est habituellement oubliée.

Il y a des gens qui sont hantés par une malédiction, un malheur: ne faire que commencer, encore et encore, des dizaines, voire des centaines de chapitres différents dans leur vie, sans être capables de continuer au moins un ou deux. C’est le début perpétuel, maladif et torturant, d’une autre étape qui n’est que la première d’un autre route, mais jamais la deuxième étape d’un chemin déjà connu. L’éternel redémarrage… Et c’est donc la décision propre – consciemment et volontairement prise – d’arrêter ce processus, ce qui peut mettre fin à cette histoire. Une décision souvent prise lorsque le dégoût – ou la nausée provenant de la répétitivité – sont suffisamment forts pour faire bouger les choses. S’il y a de la souffrance, il y a aussi du changement…

Par nécessité.

***

Trop près du Soleil

– 16.05.2021 –

Il y a toujours un équilibre dans notre vie psychique. Des contraires qui s’opposent et qui s’annulent. C’est notre structure. Chaque fois quand nous sommes dans un extrême, l’autre extrême devient plus fort, plus violent, en essayant de rétablir la balance, en essayant de neutraliser l’excès. Si nous restons dans le point central, rien ne bouge. C’est le carrefour de nos potentialités, l’équilibre parfait, la sérénité, mais aussi la mort. Pour vivre, pour nous développer, pour grandir, pour devenir quelque chose de plus, pour changer nous-mêmes, nous devons défier le centre – la mort – et choisir une direction de croissance. Une croissance vers la lumière. Une croissance vers ce que nous considérons comme la lumière. Mais en faisant ça, nous faisons grandir derrière nous une ombre. C’est la nôtre. C’est l’ombre créé par notre aspiration vers la lumière, vers notre désir. L’équilibre de la mort – de l’inexistence – du vide – est brisé. Nous bougeons. Nous sommes vivants. Mais, comme tout dans ce monde, il y a un prix. Un prix qui doit être payé. La souffrance.

Pour vivre, pour faire quelque chose – n’importe quoi – nous allons toujours vers un extrême. Mais parfois, sans même que nous en soyons conscients, nous tombons excessivement dans cet extrême. Parfois nous sommes aveugles. Parfois personne n’est près de nous pour nous avertir. Et nous réalisons ce qui se passe trop tard. Le prix à payer est toujours là. Peu importe si nous nous sommes rendu compte ou pas. La clairvoyance, la sagesse, vient avec le temps. Nous ne nous sommes pas mis contre notre propre lumière. Nous sommes mis contre notre propre ombre en regardant trop fort vers une lumière excessive… excessive par rapport à notre capacité de la supporter. Car, il y a des lumières et des lumières… Et certaines lumières sont trop forts pour nous. Ou, nous sommes trop faibles; nous n’avons pas les ressources qu’il nous faut.

C’est important de connaitre notre propre place dans ce monde. Il y a un tel endroit: notre lieu, ce que nous méritons, ce que nous pouvons gérer ou maîtriser. C’est un endroit à découvrir. Il se trouve où nous rencontrons nos limites. Et pour savoir où se trouvent nos limites, il faut les chercher, il faut les tester, il faut les pousser. Personne ne peut nous dire où se trouvent nos limites. Les connaître c’est notre propre tâche. Si nous sommes aveuglés, il nous faut presque une éternité pour trouver notre propre place. Une lumière trop forte – un extrême – un désir obsédant – ça nous aveugle sûrement.

En anglais il y a une expression : « to play God ». Ça veut dire « substituer Dieu » ou « jouer le rôle de Dieu ». Ça signifie agir ou avoir le comportement de quelqu’un qui ne (re)connait pas ses limites, qui pense avoir le pouvoir de faire n’importe quoi selon ses propres désirs. C’est un extrême. Et c’est possible pour un club select des gens qui ont des ressources importantes – argent, charisme, manque d’inhibitions morales… ou un mélange de tout ça. Certains d’entre eux sont connus à travers l’histoire comme des dictateurs, des führers, des absolutistes. Et certains ne seront jamais connus par le public. Mais l’homme ordinaire, sans moyens exceptionnelles, ne peut pas substituer la Divinité. Il n’est pas « choisi ». Ce qu’il lui reste, c’est de ne pas regarder trop longtemps dans la lumière. C’est-à-dire, connaître ses limites. Et les respecter. Pour son propre bien. Et pour ne pas perdre en vain son temps à chasser des choses impossibles, qui sont réservées pour une élite.

Il faut réfléchir à l’histoire d’Icare (Ikarus) – le mec qui a forcé ses limites. Sa légende a résisté à l’épreuve du temps pendant des milliers d’années. Pourquoi? Parce qu’Icare vit encore dans beaucoup d’entre nous.

Comment